Mes Raisons d’être, giulia bieri design

Interactive Data Performance (in french)

Mes raisons d'être - performance interactive des données sur les raisons de se faire tatouer.

Workshop intersection à l’IPAC Design, Genève (fashion design, architeture d’interieur et communication visuelle). Identifier des données interessantes en provenance du monde de la mode et les visualiser au delà du monde 2D. Imaginer et créer une réalisation concrète en groupe dans 5 jours. Réalisation d’un habille en patchwork et mise en scène d’une performance interactive pour permettre de vivre et interagir avec les informations. Une éxperience multisensorielle de données sur les raisons pour lesquelles les personnes se font tatouer.

Lara, Max, Emmanuelle, Sophie, Kaya, Giulia

Le Concept

Le corps, une toile

Les pièces de mode et les tatouages peuvent être considérés comme des ornements corporels. Tout comme les vêtements, les tatouages habillent notre corps, ils représentent un moyen d’expression et d’identification (de soi).

Le pouvoir de l'apparence

L’image que vous avez de quelqu’un peut dépendre de ce qui est visible ou transparent et de ce qui ne l’est pas. Les vêtements peuvent être considérés comme des codes qui nous aident à identifier instantanément les personnes et à les placer dans certaines catégories, ou cases. Cette idée des cases nous a conduits à utiliser la technique du patchwork pour créer le vêtement. Tout comme un patchwork, nous sommes faits de tant de moments, d’émotions, d’énergies et d’expériences différentes. Le désir de montrer ce qui n’est pas toujours visible nous a conduits à ajouter une couche plus profonde en cachant la majorité des tatouages sous les différents parties de l’habille.

La Creation

Matérialisation des données

Les données sont matérialisées par la robe : un patchwork de matériaux de seconde main composé de 11 pièces détachables, dont un collier. Chaque pièce représente une des raisons pour lesquelles les personnes se tatouent le corps. Chaque raison a sa place et sa taille, chaque raison a sa matérialité, sa texture et sa couleur. La taille de chacune des 11 pièces a été calculée pour correspondre aux proportions de l’ensemble des données.

La Performance

Au-delà du visible

La matérialisation des données est une première étape pour créer une expérience plus interactive autour de l’information et aller au-delà de l’espace visuel 2D. Elle permet une interaction unilatérale entre le spectateur et l’information, où le public peut toucher, manipuler ou d’une autre manière interagir avec l’information. Une étape supplémentaire est l’interaction bilatérale où “l’acte devient information”. Dans ce cas, le participant joue un rôle actif et “l’objet” répond au participant, créant ainsi une nouvelle forme d’échange.

La performance a été conçue pour donner vie aux données et transformer le spectateur en co-créateur. Le fait d’avoir un objet (la robe) détachable au fur et à mesure couplé à une couche dissimulée (les tatouages sur Lara) qui peut être découverte en retirant les pièces, nous a permis de créer un cadre où l’interaction est clef pour le participant s’il veut comprendre les informations fournies.

Mes raisons d'être

Les 11 pièces de la robe matérialisent les données quantitatives (le pourcentage de personne se faisant tatouer) sous la forme de l’espace qu’elles occupent sur le corps. La robe et les tatouages sur Lara (la performeuse) incarnent l’aspect plus intangible et qualitatif des données en symbolisant chacune des onze raisons. Un travail a été fait autour de la matérialité, les textures, les couleurs et la symbolique afin de traduire aux mieux ces raisons en un objet tangible.

Éphémère mais infini

Les spectateurs sont invités par Lara, la performeuse, à s’approcher pour découvrir ses raisons d’être. Lara les invite à détacher l’un des morceaux du patchwork pour découvrir le tatouage qui se trouve en dessous. Si Lara avait présenté la robe comme un objet au lieu de l’incarner, nous aurions perdu la dimension personnelle, imprévisible et intrigante de l’interaction humaine. En lien avec le thème des données, nous avons voulu créer une expérience éphémère qui n’a ni début ni fin, car tout comme la quête de données, la découverte de soi est un processus sans fin.

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Les Données

Incarnation des données

Les emplacements sur le corps sont choisi par rapport à leur symbolique. La plus grande pièce du patchwork est placée autour du cœur. Elle est l’élément centrale et rattachée aux autres pièces et symbolise la raison la plus souvent nommé : se faire tatouer pour se souvenir d’une personne que l’on aime. Cette donnée s’incarne par sa taille, son emplacement proche du coeur ainsi que la matérialité, la texture et les couleurs choisi pour cette partie du patchwork.

Les données, la transparence et la clairvoyance

L’un des éléments directeurs de ce projet était de trouver un sens aux données et de les transmettre de manière interactive pour permettre une compréhension et une connexion plus profondes avec les participants. Nous avons délibérément choisi un cadre onirique pour la performance parce que, parfois, nos raisons ne sont pas claires pour nous-mêmes. Il s’avère de plus en plus difficile de scruter le monde, même si nous disposons d’une masse de données et d’informations de plus en plus importante.

Le paragraphe suivant, tiré du livre “The Transparency Society” de Byung-Chul Han, exprime bien mieux que je ne pourrais le faire, notre point de vue à ce sujet :

“The excess of positivity that dominates contemporary society shows that it has lost it’s connection to narrativity. The society of transparency not only lacks truth; it also lacks symbolic appearance. Neither truth nor symbolic appearance are see-through. Only emptiness is entirely transparent. To avert this emptiness, a mass of information is brought into circulation. The mass of information and imagery offers fullness in which emptiness is still noticeable. More information and communication alone do not illuminate the world. Transparency also does not entail clairvoyance. The mass of information produces no truth. The more information is set free, the more difficult it proves to survey the world. Hyperinformation and hypercommunication bring no light into darkness.”